Contexte historique et création du ghettoEn
septembre 1939, l'armée allemande attaque puis occupe la
Pologne. Les Allemands entrent dans Varsovie le 29 septembre.
Adam Czerniaków, qui vient d'être nommé le 23 septembre à la tête de la communauté juive de la ville, est chargé par les Allemands de constituer un conseil juif (
Judenrat). Ce conseil est chargé de gérer le futur ghetto.
Dès l'hiver 1939 – 1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs : obligation de porter un brassard blanc avec l'
étoile de David bleue, identification des magasins juifs sur leurs vitrines, confiscation des radios, interdiction de voyager en train (novembre 1939).
L'ordre de transplantation de Juifs est donné le 2 octobre 1940. Puis, le
12 octobre 1940 (jour de la fête juive de
Yom Kippour), les Allemands annoncent aux Juifs qu'ils n'ont que jusqu'à la fin du mois pour déménager dans le quartier juif.
Le 7 novembre 1940, une « zone d'épidémie » est définie par le
gouverneur du district de Varsovie. Interdite aux soldats allemands, elle correspond aux
« rues juives ». Deux mois plus tard, le quartier juif devient officiellement une
« zone de contagion».
80 000 non-juifs quittent le secteur, et 138 000 Juifs s'y installent dans la précipitation et la peur. Le ghetto est fermé le 16 novembre 1940 et un mur d'enceinte est construit. 40 % de la population de la ville s'entassent dans des conditions insalubres dans 8 % de sa superficie.
Localisation géographiqueLe ghetto se situe au centre de la ville de Varsovie. Il est initialement composé de deux parties, le grand ghetto et le petit ghetto, reliées par un pont en bois. Le tout est entouré de 18 kilomètres de murs hauts de plusieurs mètres et de fil de fer barbelé. Dans cette enceinte d’une superficie d’environ 300 hectares, on compte 128 000 habitants au km² contre 14 000 environ dans la Varsovie non juive. La population du ghetto, 381 000 personnes enregistrées en janvier 1941, atteint 439 000 en juin 1941 pour retomber à 400 000 en mai 1942. Ces différences peuvent s'expliquer par l'arrivée de nombreux réfugiés et la surmortalité qui prévaut dans le ghetto. Seul lien avec l’extérieur, un tramway réservé aux Polonais non juifs traverse le lieu. À peu près 80 000 personnes meurent entre novembre 1940 et juillet 1942 sans déportation ni fusillade.
Site de l'ancienne passerelle du ghetto de Varsovie. OrganisationLa gestion du ghetto est déléguée au conseil juif (
Judenrat) par les Allemands. Ce conseil est dirigé par
Adam Czerniaków. Il joue un rôle essentiel dans la transmission des ordres des Allemands aux habitants du ghetto. Ses effectifs augmentent entre 1940 et juillet 1942 passant de 1 741 employés à 9 000 en comptant la
police juive. Cette dernière, appelée aussi Jüdischer Ordnungsdienst (service d'ordre juif), est chargée de maintenir l'ordre. Elle est rémunérée et possède des avantages comme l’exemption du travail forcé. Elle est très souvent corrompue et participe aux opérations de déportation massive en juillet et août 1942. Les occupants emploient la main-d'œuvre du ghetto pour les besoins de l'armée et implantent de nombreux ateliers et usines dans le quartier juif.
Dans le ghettoLes conditions de vie dans le ghetto sont inhumaines. D'abord, il est trop petit pour accueillir tous les Juifs de Varsovie et des villages environnants (40 % de la population sur 8 % de la superficie, une densité de population de sept personnes par pièce au début du ghetto). Beaucoup ont tout perdu (leurs familles et/ou leurs biens) en arrivant dans ce quartier fermé. Les foyers sont mal, ou presque pas approvisionnés en nourriture et combustible. Dès l'hiver
1940 – 1941, la faim et le froid se font ressentir. Nombreux sont alors ceux qui organisent de petits trafics avec l'extérieur. Certains de ces trafiquants y laisseront parfois leur vie en essayant d'apporter de la nourriture dans le ghetto. Mais il existe aussi une solidarité avec les « comités d'immeubles », une vraie vie culturelle, un réseau d'enseignement clandestin, une vie religieuse.
Reste du mur du ghetto de Varsovie. La mort est courante. Elle est causée par la faim, mais aussi par des épidémies de typhus et de tuberculose. Il n'est pas rare de retrouver des cadavres en pleine rue. Une charrette passe alors ramasser les corps, qui sont comptés puis enterrés dans une fosse commune. Au début de l'année 1942, on compte une naissance pour 45 décès.
Immeubles du ghetto de Varsovie. La déportationEn été 1942 commence le
« repeuplement vers l'est », qui est en fait la déportation vers le
camp de Treblinka, situé à 80 kilomètres au nord-est de Varsovie. Lancée dans le cadre de l'
Aktion Reinhard, elle débute le 22 juillet. Pendant huit semaines, entre 6 000 et 8 000 personnes sont déportées chaque jour. Les rafles se font de jour comme de nuit, aussi bien dans les habitations que dans les usines, où il est plus facile d'arrêter les Juifs. Ceux-ci sont ensuite conduits vers la
Umschlagplatz,
la gare de triage de
Varsovie. Cette première vague de déportations vers les camps de la mort ramène la population du ghetto à 70 000 habitants.