Résistance dans le ghettoÀ l'automne 1941, avant même la création du ghetto, Alter Dvoretskiï organisa un groupe de résistants qui comprenait soixante personnes environ. Il parvint à organiser des communications avec les Juifs des villages voisins, et aussi les opérateurs de l'
Armée rouge qui organisaient des détachement de partisans dans la région. Dvoretskiï scinda le groupe en vingt cellules qui comprenait chacune trois personnes. Ils purent encore rassembler des armes dans le mois qui suivit l'organisation du ghetto. Une dizaine d'hommes de l'organisation clandestine parvint à se faire inscrire dans la
police juive du ghetto.
Stèle en mémoire des 54 Juifs du village de Dvorets, tués par les nazis
en 1942 et enterrés au cimetière juif de Dziatlava. Le groupe dirigé par Dvoretskiï s'était fixé les objectifs suivants : rassembler de l'argent pour acheter des armes et les faire rentrer dans le ghetto ; préparer une révolte armée et s'attaquer à la
Kommendatur au cas où les Allemands commençaient à liquider le ghetto ; convaincre les non-juifs de ne pas collaborer avec les Allemands.
Le 20 avril 1942, Dvoretskiï et six de ses collaborateurs durent fuir dans les bois, car les Allemands avaient appris l'existence de leur organisation clandestine. Alter Dvoretskiï fut tué dans une embuscade peu après.
Destruction du ghetto et les deux massacres de DziatlavaLe ghetto fut détruit pour l'essentiel en avril et en août 1942 et s'accompagna de
deux massacres de masse par fusillades de milliers de prisonniers. Selon de nombreux documents et témoignages, cette liquidation du ghetto de Dziatlava est évoquée sous le nom de « Massacre de Dziatlava » (en russe :« Резня в Дятлово » (Resnia v Diatlovo)).
En avril 1942, les Allemands arrêtèrent les membres d'un réseau de clandestins armés. Le 29 avril 1942, ils arrêtèrent les membres du Judenrat et encerclèrent le ghetto. Le 30, tous les Juifs reçurent l'ordre de se rendre au vieux cimetière, dans l'enceinte même du ghetto. Les Allemands et les policiers commencèrent à faire sortir les Juifs des maisons. Ils rouaient de coups de pied et tuaient sur place ceux qui ne se soumettaient pas. Ils séparèrent les « inutiles », c'est-à-dire, selon eux, les femmes, les vieux et les enfants des hommes qui étaient plus jeunes et plus aptes au travail. Environ 1 200 Juifs (le nombre exact est inconnu, le monument indiquant 3 000) furent chassés par les rues de la ville jusqu'au bois, dans les faubourgs au sud de Dziatlava. Le défilé des Juifs s'avançait dans les rues. Les gens hurlaient et pleuraient, faisaient leurs adieux à leurs proches. Quant aux habitants de la localité, il leur était interdit de se pencher aux fenêtres pour voir passer ce cortège et, à cette fin, les Allemands tenaient des chiens en laisse le long des rues.
Dans le bois, des fossés avaient déjà été creusés et les Juifs commencèrent à être fusillés par groupe de 20 personnes. Durant cette Aktion — terme employé par les nazis pour désigner les massacres de masse de Juifs —, le commissaire allemand du district écarta ceux dont il connaissait la qualité professionnelle, ainsi que les membres de leur famille. Cela sauva momentanément une centaine de Juifs qui retournèrent dans le ghetto. Participèrent au massacre des Allemands, mais aussi les membres de la
collaboration biélorusse et les collaborateurs baltes (Lettons et Lituaniens).
Les Juifs qui étaient encore dans le ghetto ce jour-là comprirent qu'il était grand temps de faire quelque chose pour garder la vie sauve. Ils commencèrent par creuser des « abris » (« framboisiers » dans le langage des ghettos), où ils pourraient se cacher. Les gens avaient gardé le souvenir d'une femme cachée dans un de ces abris et qui portait son enfant en pleurs : « ou bien ils sortaient de la cache ou bien elle étouffait son enfant pour que nous soyons tous sauvés » — et elle sortit, ne pouvant se résoudre à tuer son enfant. Ces caches souterraines aidèrent beaucoup de Juifs à se sauver des dernières fusillades et des incendies dans le ghetto, et des habitants biélorusses les aidèrent par la suite à fuir dans les bois. Selon certaines données 500 Juifs réussirent à s'enfuir ainsi. La petite ville de Dziatlava ne se trouve qu'à quelques dizaines de kilomètres au sud de la forêt de Naliboki, près de celles situées le long du fleuve Dniepr et, une fois dans les bois, des contacts étaient possibles avec les
partisans soviétiques.
Le second massacre des Juifs du ghetto de Dziatlava commença le
6 août 1942 et se prolongea pendant trois jours. Des Juifs du ghetto se cachèrent dans les caches souterraines préparées à l'avance. Ce massacre fit entre 1 500 et 3 000 victimes, dont les corps furent enterrés dans trois fosses communes creusées dans le cimetière juif situé dans les faubourgs sud de la petite ville. Prirent part cette fois au massacre de la population juive de Dziatlava des soldats et officiers du 36e bataillon de police composé depuis le début de 1942 de volontaires baltes sur le territoire de l'
Estonie. Il ne resta plus en vie qu'à peine plus de 200 artisans spécialisés juifs qui furent transférés dans le
ghetto de Novogroudok.
C'est comme cela que se termina le ghetto de Dziatlava et de la communauté juive de cette bourgade. Le total des juifs torturés et tués pendant l'occupation s'élève à 3 5005. Quelques centaines de Juifs purent se sauver et la plupart d'entre eux survécut jusqu'à la libération en vivant dans des familles dans des camps de partisans.
Les noms des organisateurs et exécutants des massacres des Juifs de Dziatlava ont été conservés : le
Sonderführer SS Gleyman, le soldat allemand Glebko, le lieutenant Ubrih, les lieutenants Kihler, Riedel et Brown, Egnson, et les capitaines Malher Meidel.