Avant la création du ghettoAprès le début de l'invasion de l'
URSS par les forces allemandes le
22 juin 1941, seul un petit nombre de Juifs eurent le temps d'évacuer vers l'Est. Par ailleurs, un afflux de réfugiés venant de l'ouest de la Biélorussie était entré à Pinsk. Le 4 juillet 1941, la ville de Pinsk fut occupée par des troupes de la Wehrmacht. L'occupation allemande dura 3 ans jusqu'au
14 juillet 1944.
La ville de Pinsk fut incorporée par les Allemands au
Reichskommissariat Ukraine.
De nombreuses dispositions obligatoires furent prises à l'encontre des Juifs. Parmi celles-ci, l'obligation de porter sur ses vêtements dans le dos et sur la poitrine le signe distinctif de l'
étoile de David. Sous peine de mort, il était interdit aux Juifs de marcher sur les trottoirs et il ne pouvaient donc marcher qu'au milieu des chemins. Les Juifs étaient condamnés aux travaux les plus pénibles et forcés. Ils devaient supporter les moqueries et les injures. Ils étaient l'objet d'exactions de la part des Allemands qui confisquaient les valeurs précieuses et les vêtements de prix.
Les forces occupantes créèrent un
Judenrat dès la seconde quinzaine de juillet 1941. C'était un conseil juif, organe qui faisait exécuter les ordres des occupants relatifs aux Juifs. Ils créèrent aussi une
police juive. Le nombre des policiers s'élevait à 15 mais en 1942 il passa à 50.
Le premier président du Judenrat nommé par les Allemands était l'ancien directeur de l'école
« Tarbut », le professeur David Alper. Deux jours après sa nomination, ses fonctions lui furent retirées et il fut fusillé avec 20 autres membres du conseil. William Bakchtansky le remplaça.
Entre le 5 et le
7 août 1941, les Allemands fusillèrent à Pinsk environ 10 000 Juifs10. Parmi ceux-ci, surtout des hommes âgés de 14 à 60 ans. Le 5 août, 3 000 autres hommes juifs furent conduits au village de Kosliakovitch, et tués dans l'enceinte du cimetière pour y être jetés dans 3 fosses creusées auparavant. Quelques-uns d'entre eux tentèrent de fuir et furent fusillés sans pouvoir s'évader.
C'est
Himmler lui-même qui avait donné l'ordre d'éliminer la population juive de Pinsk et des environs. Le 2 ou le
3 août 1941 Himmler avait envoyé ses instructions à Franz Magill, commandant de la seconde brigade de cavalerie
SS déployée près de Pinsk et des
marais du Pripet (Dénommés aussi
Marais de Pinsk) :
« Tous les Juifs de 14 ans ou plus seront exécutés ; les femmes et les enfants juifs seront refoulés dans les marais (où ils devaient se noyer). Dans la ville de Pinsk l'exécution sera confiée aux compagnies de cavalerie 1 et 4... L’“aktion” doit commencer tout de suite. » Les femmes et les enfants échappèrent à la mort parce que les marais étaient trop peu profonds, mais l'ordre d'Himmler indiquait clairement qu'ils devaient mourir. Au mois d'août 1941, deux mois après l'invasion de l'
URSS ils meurent encore « différemment » mais cette distinction entre hommes et femmes et enfants va rapidement disparaître note à ce propos
Saul Friedländer.
Création du ghetto et conditions de vie dans celui-ciAprès l'exécution des ordres d'Himmler les Allemands menèrent encore à Pinsk des populations juives de villages, de bourgs et de villes proches. Le premier mai
1942 les Allemands créèrent un ghetto et toute la population juive rassemblée à Pinsk, s'élevant à 18 644 personnes, y fut enfermée. Ce fut l'un des derniers ghettos créé sur le territoire de la Biélorussie parmi les 296 répertoriés dans la liste des
Ghettos de Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale.Allée vers les monuments du souvenir. Dans ce ghetto de Pinsk furent également déportés des Juifs originaires d'autres régions d'Europe, et des Juifs des villages et bourgs environnants. Le ghetto était entouré de fil de fer barbelé et trois sorties étaient aménagées : une rue generała A.Listowskiego, une autre rue Północna et la troisième, rue Albrechtowska. La densité de population s'élevait à 1,2 personne par mètre carré. Le ghetto fut obligé de rassembler pour les Allemands; et en trois jours, une vingtaine de kilos d'or, puis de la laine, puis des vêtements de laine, des couvertures, du cuir pour les chaussures, de chevaux et des vaches. À l'arrivée de l'hiver tous les vêtements en fourrure ou chauds (même vieux et déjà portés) étaient ramassés chez les prisonniers du ghetto. Il n'y avait qu'une seule sanction pour des infractions aux ordres : la mort. Par exemple, Moché Glodère, fut pendu pour n'avoir pas donné de la fourrure, Nota Melnika pour avoir échangé de la laine pour des aliments, la fille du boulanger Lasowski pour l'abattage d'un veau.
Les Juifs travaillaient à la création dans le ghetto d'ateliers et d'entreprises, en même temps qu'ils réalisaient le travail exigé par les occupants. Le Judenrat créa un grand nombre d'ateliers. À la fin janvier 1942, il y avait 9 056 personnes juives aptes au travail, soit 52 % de l'ensemble de cette population. Vers le mois de septembre
1942 beaucoup d'entreprises furent fermées du fait de l'absence de matières premières et d'électricité.
Mémorial de la Shoah à Pinsk.
Dans le ghetto fut créé un hôpital (62 personnes y travaillaient), une pharmacie, une polyclinique. Les groupes de clandestins, quant à eux, essayaient de rassembler des armes et de créer des cachettes et des bunkers. Sholom Kholiavsky, un des dirigeants du soulèvement du
Ghetto de Niasvij et membre du mouvement des partisans biélorusses écrivit :
« Je ne suis pas convaincu que chaque Juif participa aux mouvement clandestin dans le ghetto et à la lutte contre l'ennemi, mais on ne peut nier que la vie même dans la ghetto avait un caractère clandestin. Il s'agissait d'un héroïsme de tous les Juifs du ghetto. »
En juin
1942, les Allemands arrêtèrent à Pinsk et à Kowryń 3 500 Juifs qu'ils passèrent par les armes au camp d'extermination de
Bronnaya Gora, situé à 125 km au nord-est de
Brest à une centaine de kilomètres au nord de Pińsk. Environ 50 000 personnes, dont la plupart étaient juives furent assassinées par les Allemands à cet emplacement de Bronnaïa Gora. Ils provenaient surtout de la ville de
Brest et des villes et villages avoisinants, dont celle de Pinsk. Il n'existe malheureusement que le témoignage d'un aiguilleur pour donner des détails sur ce camp de Bronnaïa Gora, les autres témoins étaient les habitants des villages environnants qui ont été tués. Les traces des fosses creusées pour ensevelir les corps témoignent également du nombre élevé de victimes dans ce camp.