Le camp► Création Pendant la
drôle de guerre, l'
Armée française fait construire dans cet endroit protégé de la vallée de
la Bruche un petit camp de six baraques destinées à accueillir des réfugiés de la ligne de
front.
Après
la défaite, sur l'initiative du
Gauleiter Robert Wagner, chef du
Gau de Bade-Alsace, et du Dr
Gustav Scheel, commandant du
Sicherheitsdienst (SD) du sud-ouest, les Allemands l'agrandissent et le transforment en camp de rééducation, Erziehungslager ou Umschulungslager, puis en camp de sûreté, Sicherungslager. L'initiative en revient au SD, service de sécurité de la
SS.
► La vie au campLe commandement est confié au
SS-Hauptsturmführer Karl Buck qui le garde jusqu'à la fin. La violence et la terreur caractérisent cet homme à la jambe de bois, dont les détenus évoquent l'insoutenable regard.
Schirmeck est un camp de travail pénible et avilissant. Interrogatoires, endoctrinement, harcèlement, brimades, coups, tortures physiques et morales, privations, parfois meurtres sont utilisés par les
nazis. Tout déplacement s'effectue en courant.
Un Vorhof, ou avant-camp, comprend un commissariat (
Kommandantur) et des petites cellules utilisées comme salles d'interrogatoire par la
Gestapo, jouxtant la résidence de Karl Buck. Au fond se situe le camp des femmes, dont la gardienne en chef fut une Alsacienne.
Les
kommandos de travail issus du camp, notamment ceux des carrières de pierres d’
Hersbach et de la base aérienne d'
Entzheim, sont pour les nazis une source de revenus rapportant jusqu'à 150 000
reichsmark par mois.
Rouleau-compresseur pour l’aplanissement des routes, mu par traction humaine et utilisé au camp.
Le camp de Schirmeck se situe à 6 km du
camp du Struthof, que des détenus de Schirmeck ont construit, à l’écart dans la
montagne, et qui est un camp de travail
Nacht und Nebel.
On dénombre ainsi 78 exécutions à Schirmeck même, et plusieurs centaines de détenus envoyés au Struthof pour être assassinés.
Parmi les internés exécutés à Schirmeck, on peut citer :
► Antoine Becker, emprisonné le 2 août 1944. Ancien commissaire des
Renseignements généraux de Strasbourg, commissaire divisionnaire de police à Marseille, il est arrêté pour avoir participé à la répression du réseau
Karl Roos. Il est assassiné sur le chemin de
Struthof.
► Joseph Schmidlin, prêtre catholique réfractaire au nazisme qui y est mort le 10 janvier 1944
► Ceslav Sieradzki, résistant alsacien d'origine polonaise et membre de
la Main Noire qui y est assassiné le 12 décembre 1941
► Pierre Seel, alsacien qui y a été interné pour homosexualité, a témoigné dans son livre de l'assassinat de son amant sur la place d'appel devant tous les détenus.
En septembre 1942, le camp compte 1 400 détenus. On estime à 25 000 le nombre total de personnes ayant été détenues au camp.
► Typologie des prisonniersLes prisonniers portent un bout de tissu distinctif cousu : rouge pour les prisonniers politiques, vert pour les clandestins, jaune pour les juifs, polonais et russes, bleu pour les ecclésiastiques, prostituées et homosexuels, à carreaux pour les asociaux et les droits communs, violet pour les témoins de Jéhovah.