La Kōa-inL'un des principaux moteurs de cette entité politique devait initialement être la Kōa-in, l'Agence de développement de l'Asie orientale.
Créé le
18 novembre 1938, sous le premier gouvernement de
Fumimaro Konoe, cet organisme s'illustra toutefois principalement, selon l'historienne Zhifen Ju, par le système de travaux forcés qu'il supervisa dans les territoires conquis de Chine et surtout au
Mandchoukouo. Selon Ju, le nombre de civils contraints à l'esclavage dans les mines et les industries nippones de ces territoires s'établissait à environ 5 millions d'individus jusqu'en 1942 et dépassa 10 millions après cette date.
Le Premier ministre Fumimaro Konoe.
Selon un document retrouvé en 2007 par le journaliste Reiji Yoshida, la Kōa-in fournissait des fonds aux trafiquants de drogue en Chine en vue de l'utilisation d'une partie des bénéfices de la vente de l'opium, de l'héroïne et de la morphine au profit des gouvernements d'occupation du
Mandchoukouo, de
Chine et de
Mengjiang.
Timbre avec la carte de la sphère de coprospérité.
Impact économique et politiquePour les auteurs Peggy et Sterling Seagrave, le résultat concret de la Sphère fut le
pillage systématique des pays conquis, dans le cadre de l'Opération Lys d'or, dirigée par les princes
Yasuhito Chichibu et
Tsuneyoshi Takeda. Une
monnaie d'invasion japonaise est mise en circulation dans les régions sous contrôle japonais.
Monnaie d'invasion japonaise - 500 pesos philippins.
Le
Mandchoukouo fit figure de régime collaborateur créé par la force : sa population comptant une majorité de Chinois Han, l'efficacité de la propagande présentant le pays comme la nation des
Mandchous fut limitée.
Les différents
gouvernements collaborateurs chinois ne bénéficièrent que d'une autonomie très réduite qui ne leur garantissait pas de légitimité, leur fusion en
1940 au sein du
gouvernement collaborateur de Nankin ne leur apportant qu'un semblant d'unité. Le concours de
Wang Jingwei, figure politique connue, ne suffit pas à donner du crédit à l'occupation violente de la Chine.
On peut, toutefois, également penser que l'occupation japonaise a été un accélérateur du mouvement vers l'indépendance de quelques nations d'
Asie du Sud-Est. Le héros de l'indépendance de la
Birmanie, le général
Aung San, s'était rendu en 1941 au Japon pour y recevoir une formation militaire, et créa ensuite en
Thaïlande, alors alliée aux Japonais, l'
[bArmée pour l'indépendance de la Birmanie[/b], qui participa aux
combats contre les Britanniques.
Les Japonais, pour se concilier les nationalistes locaux, favorisèrent la naissance de gouvernements indépendants comme la
Seconde République des Philippines ou l'
État de Birmanie. Le bilan de ces gouvernements en termes de propagande fut néanmoins mitigé : en Birmanie, Aung San, chef des forces armées, finit par se retourner contre le régime, auquel les Japonais n'accordaient qu'une autonomie très limitée, et se rangea aux côtés des
Alliés. Aux Philippines, qui connaissaient déjà un processus d'indépendance au moment de l'invasion japonaise, le gouvernement de
José P. Laurel fit figure de régime collaborateur. Si l'indépendance que les
Philippines obtinrent en 1946 était déjà prévue avant le conflit, la situation politique d'après-guerre favorisa directement l'indépendance de la
Birmanie. Aux
Indes orientales néerlandaises, les Japonais se concilièrent les nationalistes locaux en leur promettant l'indépendance, mais ne l'accordèrent pas pendant le conflit. La proclamation par
Soekarno de l'
indépendance de l'Indonésie eut lieu le
17 août 1945, deux jours après l'annonce de la capitulation du Japon.
Le Japon profita également de la montée des mouvements indépendantistes au sein des
Indes britanniques pour s'allier à
Subhash Chandra Bose, leader nationaliste et non-partisan de l'action non-violente, qui anima le
Gouvernement provisoire de l'Inde libre, visant à obtenir par la force l'indépendance de l'Inde. Cette alliance n'eut cependant qu'un impact limité, l'
offensive des Japonais en Inde se soldant par un désastre, et servit principalement à illustrer le jusqu'auboutisme de certains indépendantistes indiens.
Une ultime tentative pour susciter des gouvernements locaux eut lieu en 1945, lors de la
prise de contrôle de l'Indochine, qui aboutit à de brèves indépendances de l'
empire du Viêt Nam, du
royaume du Cambodge et du
royaume du Laos (dans ce dernier cas, l'indépendance ne fut pas vraiment proclamée de manière formelle, le roi refusant de coopérer). Ces initiatives venaient, cependant, trop tard dans le conflit pour susciter de réels alliés, et eurent comme conséquence principale de disloquer l'administration coloniale de l'
Indochine française. La situation aboutit quelques années plus tard à l'indépendance définitive des trois pays.