HistoriqueLors de la
conférence de Yalta,
Joseph Staline, sur l'insistance de
Franklin Delano Roosevelt, avait promis aux
Alliés que l'
Union soviétique entrerait en guerre contre le Japon trois mois après la fin des hostilités contre l'
Allemagne. Dès le
2 avril 1945,
Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov informa l'ambassadeur japonais
Naotake Satō de l'abrogation du
Pacte de neutralité soviéto-japonais de 1941.
Après le
8 mai, des transferts importants de troupes ont lieu de l'Europe vers l'Extrême-Orient. Le rapport de force entre URSS et Empire du Japon était jusque-là favorable dans la région à l'
armée du Guandong (en Mandchourie), à laquelle faisait face l'armée autonome de Sibérie, dotée d'une quarantaine de divisions. Du fait de ponctions répétées, les effectifs de l'armée du Guandong étaient descendus à 500 000 hommes. Avec l'arrivée des renforts venus du front allemand, les effectifs soviétiques montent à 1 500 000 hommes et 5 500 chars. Afin d'économiser les pertes humaines russes, la moitié des soldats envoyés au combat sont polonais.
Placée sous les ordres du maréchal
Aleksandr Mikhaïlovitch Vassilievski, les troupes soviétiques sont disposées en trois fronts : le
front de Transbaïkalie, comptant quatre
armées, chargé d'attaquer d'ouest en est ; le 2e front d'Extrême-Orient, avec deux armées, attaquant du nord au sud ; le 1er front d'Extrême-Orient, disposé à l'Est, avec trois armées et un corps de blindés, dirigé plein ouest vers le
Khingan où des guérillas
coréennes sont actives.
Parallèlement à l'opération en Mandchourie, la
Flotte du Pacifique et la XVIe armée sont chargées de récupérer le sud de
Sakhaline (occupée par le Japon depuis la
guerre russo-japonaise de 1905) et de réaliser une
invasion des
Îles Kouriles.
Le
8 août 1945, Molotov convoque à nouveau Satō et l'informe brutalement que leurs pays sont désormais en état de guerre.
Le lendemain, l'
Armée rouge pénètre en Mandchourie par trois régions (
occupée depuis 1931 par les Japonais qui y avaient installé l'
État du Mandchoukouo), ainsi que la
Mongolie-Intérieure, où elle avait installé le
Mengjiang, et la partie sud de
Sakhaline. Des débarquements sont réalisés sur la côte orientale du nord de la
Corée, alors
colonisée par le Japon.
Les objectifs du pouvoir soviétique sont de pouvoir avoir son mot à dire sur le
Pacifique nord, Japon inclus, de saisir et d'incorporer dans l'Union soviétique, le Sud de Sakhaline et les Kouriles, d'éliminer les Japonais, de prévenir la présence occidentale sur le continent nord-asiatique, de redevenir influent sur le réseau de chemins de fer de Mandchourie, et de conserver son influence sur la
Mongolie (extérieure).
En huit jours, les armées soviétiques progressent de 400 kilomètres en direction de la grande plaine centrale, aidées par des unités de cavalerie de la
République populaire mongole, continuant leur avance alors même que l'empereur
Hirohito a annoncé la capitulation du Japon. Le 15 août, un accord sur
Port-Arthur est signé entre les nationalistes chinois et les soviétiques stipulant que ce port sera l'exclusivité des marines militaires et commerciales, soviétiques et chinoises, que les forces terrestres et ariennes soviétique pourront également y stationner et que les Soviétiques pourront y construire des infrastructures de défense et de sécurité maritime qui reviendront à la Chine à la fin de leur mission.
Le
16 août, les Soviétiques réalisent à
Kalgan leur jonction avec les troupes du
Parti communiste chinois, encerclant
l'armée du Guandong. Le général
Otozō Yamada entame des pourparlers de capitulation. Le 20 août, le cessez-le-feu est proclamé. Le 23 août, l'armée rouge prend place à
Port-Arthur, à la suite de l'accord du 15 août.
Parallèlement, entre le 11 et le 25 août, la XXVe armée soviétique pénètre en
Corée jusqu'au
38e parallèle nord. Les Kouriles et quatre îles de la province d'
Hokkaidō sont occupées par les Soviétiques.
Après la capitulation de l'
armée du Guandong, de nombreuses unités japonaises continuent de combattre, jusqu'à début septembre environ. Les
Corps combattants des citoyens patriotiques, la milice japonaise, subissent de lourdes pertes.
ConséquencesLe 15 août, l'empereur
Hirohito annonce la
capitulation du Japon et un
cessez-le-feu est déclaré dans la région. Les
gouvernements collaborateurs du
Mandchoukouo et du
Mengjiang cessent d'exister.
Commencée entre les deux
bombardements atomiques américains, trois jours après celui d'
Hiroshima et quelques heures avant celui de
Nagasaki, l'attaque soviétique est, avec les frappes nucléaires, l'un des facteurs décisifs de la
reddition du Japon. Le gouvernement japonais souhaitait notamment éviter une attaque et une occupation soviétiques sur son territoire national, ce qui aurait risqué de compromettre la survie du système impérial.
Les Soviétiques profitent de leur présence sur place pour opérer un pillage en règle de la Mandchourie, notamment en démantelant et transférant en URSS l'essentiel des infrastructures et des installations industrielles de l'ex-Mandchoukouo, au grand dam du
Parti communiste chinois.
Tchang Kaï-chek, n'ayant pas de troupes en Mandchourie, négocie avec les Japonais pour éviter qu'ils se retirent trop tôt, ce qui aurait eu pour conséquence une prise de contrôle de la région par les communistes. Il fait transmettre aux troupes japonaises restées sur place l'ordre de ne pas remettre leurs armes aux communistes et d'attendre l'arrivée des soldats du
Kuomintang. Tchang ne peut cependant empêcher qu'une partie des territoires conquis par l'armée soviétique en Mandchourie soient investis par les troupes du
Parti communiste chinois, qui gagne ainsi de précieuses bases d'opération, tandis que la
guérilla communiste locale opère sa jonction avec les troupes régulières du PCC. Les communistes chinois installent leur pouvoir à
Harbin et s'étendent vers le sud. La conquête définitive de la Mandchourie par les communistes est, à la fin 1948, l'un des points tournants de la
guerre civile chinoise.
L'occupation du nord de la Corée par l'URSS fournit le terrain pour la naissance du
régime communiste coréen et constitue le prélude à la
guerre de Corée.
Entre 500 000 et 594 000 Japonais sont faits prisonniers par les Soviétiques, dont 148 généraux. Les Soviétiques annoncent n'avoir subi que 8 000 pertes humaines environ (8 000 morts). Les prisonniers japonais sont décimés par les conditions de leur internement dans les camps sibériens et le travail forcé pour réparer les infrastructures de Mandchourie. Seulement 90 000 Japonais reverront leur pays en 1949.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ration_sovi%C3%A9tique_de_la_Mandchourie