ContexteLors de l'
invasion de la Pologne, la ville de
Radom est envahie par les forces allemandes le 8 septembre 1939. La population totale était alors de 81 000 habitants, dont 25 000 juifs. Le 30 novembre 1939, le
SS-Gruppenführer Fritz Katzmann de la
Selbstschutz, ayant déjà dirigé les opérations meurtrières à
Wrocław et
Katowice, est nommé
Höhere SS- und Polizeiführer (SSPF) à Radom dorénavant occupé. Son arrivée est suivie de violences et de pillage à des fins personnelles. Katzmann ordonne l'exécution immédiate des dirigeants juifs. Avant la création d'un ghetto, de nombreux Juifs sont contraints au
travail forcé. L'une de leurs premières tâches est la reconstruction de l'
usine d'armement polonaise de Łucznik d'avant-guerre endommagée lors d'une attaque aérienne, pour répondre aux besoins militaires allemands. L'usine fut le principal employeur nazi local tout au long de la guerre.
Les Allemands forcent alors la communauté juive à payer des contributions et saisissent leurs objets de valeur et ainsi que leurs entreprises. Néanmoins, les avoirs en métaux précieux étaient déjà épuisés parce que les Juifs de Radom — en particulier les femmes juives de « Wizo » — avaient fait des dons massifs au fonds de l'aviation polonaise quatre mois avant l'invasion. Même les Juifs les moins fortunés achetèrent des « obligations de défense aérienne » avec fierté jusqu'en mai 1939.
Peu de temps après l'invasion, vers septembre-octobre 1939, les SS effectuèrent des raids surprise sur les synagogues. Les fidèles ont été traînés et mis dans des commandos ouvriers. La synagogue de Radom a été profanée par les nazis et son mobilier a été détruit. Afin d’instaurer la peur, le conseiller municipal juif Jojna (Yona) Zylberberg a été forcé de défiler avec une pierre sur la tête avant d'être abattu par les soldats SS. Sa femme est décédée dans un accident domestique quelques mois plus tôt en tombant par la fenêtre alors qu'elle tentait de suspendre des voilages, laissant ses deux enfants derrière elle. Vers décembre 1939 - janvier 1940, le
Judenrat a été créé pour servir d'intermédiaire entre le commandement allemand et la communauté juive locale. Un millier d'hommes ont été envoyés dans les camps de travail de la réserve de
Lublin à l'été 1940. En décembre, le gouverneur général allemand
Hans Frank en poste à
Cracovie ordonne l'expulsion de 10 000 juifs de la ville, mais seulement 1 840 d'entre-eux sont expulsés en raison de difficultés techniques. Au printemps 1941, Radom comptait environ 32 000 Juifs. Katzmann y resta jusqu'à l'
opération Barbarossa.
Historique du ghettoLa ville de Radom reçoit des Juifs expulsés de nombreux endroits en Pologne, y compris les détenus juifs du
ghetto de Cracovie — car selon les souhaits du
Gauleiter Hans Frank —
Cracovie devait devenir la ville « la plus propre sur le plan racial » du territoire du
gouvernement général pour servir de capitale allemande. Le gouverneur général Frank ordonne l'ordre de créer le ghetto de Radom en mars 1941. Une semaine plus tôt, la police du ghetto juif avait été formée par la nouvelle administration nazie pour aider aux délocalisations. Les Juifs ont alors dix jours pour quitter leurs maisons d'avant-guerre et rejoindre la zone du ghetto avec leurs familles. La zone est divisée en deux comme dans de nombreuses autres villes polonaises. Les portes du ghetto sont fermées de l'extérieur le
7 avril 1941. Environ 33 000
Juifs polonais y sont rassemblés ; 27 000 dans le ghetto principal et environ 5 000 dans un ghetto plus petit de la banlieue. La majeure partie du ghetto n'était pas murée ; les barrières étaient formées par les bâtiments eux-mêmes et les sorties étaient gérées par la police juive et polonaise. Le « grand ghetto » était installé dans la rue Wałowa dans le quartier central de Śródmieście et le « petit ghetto » dans le district de Glinice.
Hommes juifs portant l'étoile jaune dans le ghetto de Radom, en mars 1941. Comme pour de nombreux autres ghettos à travers la
Pologne occupée, la famine n'était pas rare. Les rations allouées aux Allemands pour une personne du ghetto étaient de 100 grammes de pain par jour. Néanmoins, les conditions dans le ghetto de Radom étaient en moyenne meilleures que dans de nombreux autres ghettos contemporains en
Europe occupée par les nazis.
Au cours des premiers mois de 1942, les Allemands mènent plusieurs actions, arrêtant ou exécutant sommairement divers dirigeants de la communauté juive. Les Allemands débute la liquidation définitive du ghetto de Radom à partir d'août 1942, dans le cadre de l'
opération Reinhard. La première grande déportation vise le petit ghetto de Glinice qui est vidé de ses habitants. Les Allemands sont assistés par les unités de la
police bleue polonaise et les
Hiwis. Fin août, environ 2 000 Juifs étaient encore à Radom. Les Juifs déportés sont envoyés dans des
camps d'extermination (principalement
Treblinka et
Auschwitz). Les restes du ghetto de Radom sont temporairement transformés en camp de travail. Les derniers Juifs de Radom sont expulsés en juin 1944, lorsque le 26 juin les derniers habitants gagne les ultimes
trains de l'Holocauste vers Auschwitz. Seules quelques centaines de Juifs de Radom ont survécu à la guerre.