Description► NomLe nom administratif du camp était
« Konzentrationslager Lublin » (camp de concentration de
Lublin), mais sa localisation au sud-est du centre-ville nommé Majdan Tatarski ou Majdan tatar (Majdanek, « le petit Majdan »), lui a donné son nom actuel. Le camp est divisé en six quartiers couvrant 273 hectares en 1942.
► LieuContrairement à de nombreux camps nazis, Majdanek n'était pas enfoncé dans une forêt éloignée, caché à la vue par des barrières naturelles, ni entouré par une zone tampon dite « de sécurité » mais placé tout près de la ville. Il fut établi en octobre 1941 suivant les ordres de
Heinrich Himmler, à la suite de sa visite à Lublin en juillet de la même année.
Localisation des camps d'extermination nazis
► DétenusEn février 1943, il est transformé en
camp de concentration et placé sous la direction de la
SS. Á cette époque 18 000 Juifs du
ghetto de Varsovie y sont transférés en mai 1943 après la liquidation du
ghetto. Ils travaillent dans le cadre des industries de l'Est mais sont déportés à l'automne suivant2. Le camp fournit une main-d’œuvre d'esclaves pour l'usine de
munitions et la fabrique d'
armes Steyr-Daimler-Puch. Au plus fort de son activité, il accueille 50 000 prisonniers.
► Chambres à gaz et crématoiresDans les premiers mois de
1942, des plans furent établis pour agrandir et quintupler sa capacité. Au cours de l'année 1942, des
chambres à gaz et des
fours crématoires furent construits ; les chambres à gaz ont fonctionné à partir de septembre-octobre 1942 jusqu'à l'automne 1943. C'était un bâtiment en dur avec trois salles en béton munies de portes d'acier étanches ; les
SS utilisaient aussi bien le
monoxyde de carbone sous forme de bouteilles que le
Zyklon B ; selon les archives, près de 7 700 kilos de Zyklon ont été utilisés dans ce but. Le chef des chambres à gaz et des crématoriums, le SS-
Hauptscharführer Erich Muhsfeldt, déclare :
« Les convois qui arrivaient étaient toujours soumis à une sélection ; [...] les inaptes au travail étaient toujours asphyxiés dans la chambre à gaz. »
Juillet 1944 : les fours crématoires de Majdanek. Photographie de Abraham Pisarek.
Le médecin polonais des détenus envoie une note secrète :
« Tous les jours on met à mort les faibles, les cachectiques (1) et les inaptes au travail ; du bloc du Revier (infirmerie), j'ai pu observer la marche de ces malheureux vers les chambres à gaz ; hier, plusieurs dizaines d’officiers soviétiques ont été gazés. »
Au printemps 1945, après la libération du camp, différentes instances du
Gouvernement provisoire de la République française missionnent le docteur
Madeleine Pauliac pour rédiger des rapports sur la situation locale. Elle se rend au camp de Majdanek, où son rapport tente de reconstituer le
système d'extermination. Un
résistant français affecté au
Sonderkommando des
fours crématoires raconte avec une indifférence glaçante comme il a dû dix mois durant enfourner des corps qui certains jours gémissaient et remuaient, et le regard silencieux du cadavre vivant qui le fixe.
► Autres méthodesIl existe aussi d'autres manières d'assassiner les déportés :
fusillades, piqûres de
phénol ou d'évipan. Le 3 novembre 1943, dans le cadre de l’
Aktion Erntefest, des milliers de
Juifs sont fusillés dans des fosses situées derrière les fours crématoires pendant que les haut-parleurs diffusent des
valses de
Strauss pour couvrir le bruit.
(1) Cachectiques = La définition formelle de la cachexie est la perte de masse corporelle telle qu'elle ne peut plus être inversée ni trouvée à l'aide d'une nutrition adaptée. Elle est observée au cours de plusieurs maladies : anorexie mentale, cancer (cachexie cancéreuse, produite par des substances sécrétées par la tumeur, les cachexines), BPCO, insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique, insuffisance rénale, tuberculose, SIDA, alzheimer, certaines protozooses intestinales chez les patients immunodéprimés (comme la cryptosporidiose ou les microsporidioses) ou certaines maladies auto-immunes.