Mise en place de la politique de réarmementDès la prise de pouvoir par les nazis, la
loi des pleins pouvoirs du 23 mars 1933 confère à
Adolf Hitler un pouvoir
dictatorial. Les deux lois sur le
Gleichschaltung (erstes Gleichschaltungsgesetz du
31 mars 1933, zweites Gleichschaltungsgesetz du
7 avril 1933) transposèrent ces pouvoirs sur les
Länder allemands. Une loi supprima les partis politiques (
14 juillet 1933). Une autre loi encore portait sur la confiscation des biens (
juillet 1933).
À partir de
juillet 1933,
Hitler fit voter des lois qui orientèrent toute l'économie du
Troisième Reich vers le réarmement, ainsi que vers l'élimination des
Juifs de la société :
• La loi sur la cartellisation obligatoire (15 juillet 1933) ;
• La loi du Führerprinzip (20 janvier 1934) ;
• La loi sur l'organisation nationale du travail (30 janvier 1934) ;
• La loi pour la préparation organique de l'économie allemande (27 février 1934) ; elle rassembla les branches définies par la loi de juillet 1933 en sept grands groupes économiques divisés en sous-groupes : industrie, commerce, banque, sécurité, énergie, transports, et assurances ; elle regroupa toutes les entreprises d'une même région dans une chambre économique. Les chambres et les groupes économiques furent placés sous la surveillance de "Führer". Elle organisa le commerce dans le cadre d'offices de répartition.
• La loi interdisant la création de sociétés anonymes d'un capital inférieur à 500 000 marks (5 juillet 1934).
La collusion du régime politique de la dictature avec les industriels sidérurgistes rhénans fonde ce qui sera nommé le complexe militaro-industriel nazi. Il est basé sur une concentration de la production industrielle d'armement, destinés à fournir aux diverses branches de l'armée (Terre, Air, Amirauté) les moyens mécanisés du conflit planifié. Cette étape est préalable à la réussite de la stratégie de Blitzkrieg qui surprendra tous les pays adverses dans la première phase de la seconde Guerre mondiale. En 1969, Luchino Visconti montra dans Les Damnés comment les nazis ont pu faire main basse sur les konzerns des principales dynasties d'entrepreneurs.
Photo : ligne d'assemblage de chasseurs en piqué Junkers JU-88 en 1941, destinés au front de l'Est.
Ces lois aboutirent à des regroupements d'entreprises en
cartels contrôlés par de grands patrons nazis :
IG Farbenindustrie pour la chimie, Vereinigte Stahlwerke pour l'acier,
Siemens pour l'équipement électrique, etc.
Le financement économique de la politique de réarmement fut réalisé par le truchement des
bons MEFO, par lesquels il échappa à la dette allemande.
L'ouverture d'une usine de la
Dehomag en
janvier 1934 dans un quartier de
Berlin (Lichterfelde), apporta les grandes possibilités de l'
industrie mécanographique naissante pour l'organisation économique et sociale de ces entreprises. La Dehomag devait verser des redevances pour l'utilisation des
cartes perforées Hollerith.
Les méthodes employées par l'industrie allemande n'ont pas été bien perçues par les autres puissances, et en particulier par la France. Le général
Heinz Guderian fut à l'origine de la création de la force blindée allemande. En France, le
général de Gaulle, dans
Vers l'armée de métier, prônait l'utilisation de grandes unités blindés. Il ne vit pas les moyens que s'était donnés le pouvoir nazi pour organiser la production des armements destinés à leur objectif. À partir de
1936, l'effort d'armement allemand s'intensifia avec la nomination de
Hermann Göringcomme responsable du
Plan de Quatre Ans (Vierjahresplan).
Mais, de fait, le manque de ressources naturelles contrarie fortement les efforts allemands. En 1939, les responsables allemands estiment la consommation de pétrole en 1942 avec le plan Z de la marine et une Luftawffe triplée à 23 millions de tonnes, la production et importations allemandes cette année ne sera que de 7,5 millions de tonnes
Echec des pourparlers diplomatiques : l’accord de StresaAu lieu d'exiger le respect du
Traité de Versailles, au besoin par la force, les
Alliés, déjà travaillés par les mouvements pacifistes, préfèrent intensifier leur action diplomatique afin d'isoler l'Allemagne :
• La
France et le
Royaume-Uni initient, à
Stresa, le
14 avril 1935, un rapprochement avec l'
Italie fasciste de
Benito Mussolini, dans le but de sécuriser les dispositions frontalières établies lors du
traité de Locarno.
• De son côté, le français
Pierre Laval part en visite auprès du gouvernement soviétique à
Moscou pour signer un
pacte d'assistance mutuelle avec les Soviétiques.
Mais cette alliance franco-russe déplaît aux Britanniques, qui préfèrent engager une stratégie pour limiter l'influence française en Europe — le vieil antagonisme — et plutôt renforcer leurs relations économiques avec l'Allemagne, qu'ils considéraient comme un partenaire économique traditionnel et le meilleur barrage naturel contre une possible poussée des forces et de l'influence soviétiques.
Finalement, les Britanniques, mènent un double-jeu dangereux sur le problème du réarmement allemand, mettant en exergue les conflits d'intérêts avec la France, et vont servir le jeu d'
Hitler :
• En
mars 1934, ils dénoncent dans un
livre blanc ce réarmement allemand ;
• Mais le
18 juin 1935, ils signent avec
Hitler un accord naval bilatéral, reconnaissant à l'Allemagne un droit à un réarmement naval limité.
De ce fait la politique d'encerclement diplomatique est un échec complet, car :
• Le
13 janvier 1935 : La
France reconnaît la récupération de la
Sarre par l'Allemagne, en acceptant le résultat du référendum en Sarre, lors duquel 90,8 % des Sarrois se déclarent favorables au rattachement à l'Allemagne. Récupérée le
1er mars, la
Sarre était sous tutelle de la
SDN depuis
1919.
• Mussolini, s'appuyant sur sa nouvelle position diplomatique, renforcée par l'accord de Stresa, déclenche une guerre de colonisation contre l'
Éthiopie, pendant l'été
1935. Les troupes italiennes envahissent l'
Éthiopie le
3 octobre.
• Dès la ratification du
pacte franco-soviétique par le parlement français,
Hitler, déclare caduc le
Traité de Locarno qui fixait les frontières occidentales.
• De plus, ce pacte franco-soviétique sera utilisé comme prétexte par
Hitler pour tenter son premier coup de poker militaire, le
7 mars 1936, lorsque trois bataillons allemands
pénètrent dans la zone démilitarisée de Rhénanie.
Le
11 juin 1935, Hitler annonce la renaissance officielle de l'armée de l'air, la
Luftwaffe. Voir le texte complet des résolutions de la Conférence de Stresa. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Stresa)