Résistance dans le ghettoIl reste peu de données sur la résistance des juifs contre les nazis. Il existe des mentions du fait que les 380 juifs dont il est question plus haut, auraient été fusillés pour diffusion de propagande contre les nazis. En outre, à la fin octobre, début novembre 1941, à Babrouïsk, dès le départ d'une partie de la police de sécurité et des
Sicherheitsdienst, les juifs se mirent de nouveau à agir. Ils cessèrent de porter leur
étoile jaune, refusèrent de travailler, prirent des contacts avec la résistance et se montrèrent provocants vis-à-vis des forces d'occupations. Est également à relier aux actes de résistance, le meurtre de deux prisonniers du ghetto, accusés d'avoir mis le feu à un immeuble et aussi l'exécution d'un médecin juif pour empoisonnement de deux officiers allemands et de quatre soldats. Il est certain que dans le ghetto existait une activité clandestine antifasciste et qu'en septembre 1941, quelques clandestins juifs furent fusillés par l'occupant.
Un des aspects de la résistance passive fut l'opposition religieuse et spirituelle des juifs, qui se manifesta par la sauvegarde des objets du culte. Il est établi que les prisonniers cachèrent en l'enfouissant sous terre le
Talmud, la
Torah, les livres de prières, en les enveloppant dans un
talit, mais aussi des listes de prisonniers du ghetto. Par résistance religieuse, il faut comprendre aussi : le respect qu'ils continuaient à observer pour les règles et pratiques de leur religion. Ainsi le rabbin I. Bespalov procéda selon les lois juives à l'inhumation de juifs décédés. Ils enveloppèrent d'un drap ceux qui avaient été torturés avant de les déposer dans leur tombe.
Après l'extermination du ghettoAprès les massacres des 7-8 novembre 1941, les nazis déclarèrent que le territoire de Babrouïsk était
libre de Juifs, quoiqu'une petite partie des prisonniers du ghetto, dont les occupants avaient besoin pour le travail, eussent eu la vie sauve provisoirement. Pour ceux-ci ils clôturèrent une partie de l'ancien ghetto et installèrent dans la rue Novachosseina des tailleurs, des cordonniers et des menuisiers.
En outre, du fait de l'utilisation du travail des juifs, il y avait une autre raison de conserver, ne fût-ce qu'une partie du ghetto. Un certain nombre de prisonniers du ghetto avaient réussi à s'enfuir, et les Allemands avaient affiché un avis selon lequel la répression à l'égard des juifs avait cessé, et qu'ils étaient invités à rentrer librement dans le ghetto. Une partie des prisonniers, mourant de froid et de faim, retourna au ghetto, en l'absence d'autre choix possible.
La fin de l'extermination du ghetto de Babrouïsk date du 30 décembre 1941. Ce jour-là les nazis encerclèrent le ghetto et emportèrent dans des véhicules tous ceux qui s'y trouvaient encore pour les conduire jusqu'au lieu de leur assassinat.
En février
1942, les occupants tuèrent les 70 derniers prisonniers du ghetto. C'étaient les artisans qui travaillaient pour la
Kommandantur.
Le chiffre global des victimes du ghetto peut être établi à 25 000 personnes environ.
Le nombre exact de survivants ne peut être établi, seuls des cas individuels de survie peuvent être cités.
Après l'extermination de la population juive locale, les occupants évaluèrent les besoins en matière de travail. Dans le camp de travail forcé proche du village de Kisélévitch en mai et juin 1942, il récupérèrent 3 000 juifs (des hommes) du
ghetto de Varsovie. Dans ce camp (dont le chef était un certain Klibek), les juifs furent répartis en divers groupes. La surveillance des juifs était organisée par un
Unterscharführer du nom de Eykopf. Les juifs polonais furent utilisés pour les travaux lourds (transports de rondins, de rails, travaux de constructions). Le cas est rapporté aussi que 30 juifs travaillèrent pendant des jours à la construction d'un crématorium ; après quoi ils furent fusillés. Les Allemands rivalisaient entre eux à propos du nombre de juifs que chacun avait réussi à tuer. Les prisonniers étaient mal nourris, ils vivaient dans d'anciennes écuries. Chaque jour les Allemands choisissaient les plus faibles et allaient les tuer à Kamenka. En janvier
1944 dans le camp de travail forcé, il restait 40 juifs qui furent envoyés à
Lublin en
Pologne.
Depuis le début de l'automne 1943 et jusqu'en janvier 1944, les occupants se mirent à extraire les corps des juifs enterrés des villages de Kamenka et de Eloviki et y mirent le feu dans le cimetière de Bavrouïsk en vue de cacher les preuves de leur extermination et celles des actes inhumains qu'ils accomplirent sur des prisonniers de guerre avant de les tuer. Là où ils ne purent brûler les cadavres, ils essayèrent de maquiller les énormes tombes en ensemençant la terre de grains de céréales, ou en traçant des routes au-dessus des tombes.
Cas de sauvetages de juifsDu fait du sauvetage de juifs, plusieurs habitants de Babrouisk furent honorés de la médaille des
justes parmi les nations. Cette médaille fut remise en tout à 15 personnes qui avaient sauvé des juifs de Babrouisk.
« Allée des Justes parmi les nations ». Ouverte le 3 juillet 2005,
rue du Socialisme en l'honneur des biélorusses qui ont sauvé des juifs
à Babrouïsk pendant le Seconde Guerre mondiale. MémoireDans les archives de l'État à Moguilev existe une liste de 77 juifs, prisonniers du ghetto de Babrouïsk.
Au village d'Elovik au soviet rural a été édifié un monument dédié par une dédicace aux « Citoyens Soviétiques ». Dans le hameau de « Lycaia gora » outre les juifs, furent aussi fusillés des prisonniers de guerre.
Une inscription analogue fut apposée sur le monument près du village de Kamenk au soviet rural de Gorokhovsky. Cependant, plus tard, y fut construit un complexe plus important qui fut encore reconstruit pour le 65e anniversaire de la libération de la Biélorussie des nazis. C'est à cet endroit que furent fusillés des gens - enterrés dans deux fossés - et que sont posées deux étoiles : une jaune à six branches et une
rouge à cinq branches.
Au centre de la ville, dans la rue du Socialisme, en l'honneur des quinze biélorusses qui sauvèrent des juifs, le
3 juillet 2005 fut ouverte
« L'allée des justes parmi les nations ».Un mémorial dédié aux « Prisonniers du ghetto de Babrouïsk » a été installé le
19 octobre 2008 dans la rue Bacharov.
Dans le cimetière juif de Babrouisk dans la rue Minsk, sont élevés cinq monuments. Après la guerre, les restes de victimes juives de cinq villages furent amenés ici et à nouveau inhumées.
Le
22 octobre 2007, la ministre israélienne des Affaires étrangères a protesté contre les déclarations
antisémites et anti-israéliennes du président de la
Biélorussie : le
12 octobre,
Alexandre Loukachenko, parlant de la misère dans la zone rurale de Babrouïsk, avait déclaré à la radio :
« Bien évidemment, c'est une ville juive. Les Juifs ne font pas attention à l’endroit où ils vivent. Regardez Israël. J'ai été là-bas. ». Il a ajouté que la ville avait appelé les Juifs pour leur argent. À la suite de ces déclarations, Yakov Basin, le premier vice-président de l'Union biélorusse des organisations et communautés juives a déclaré :
« Nous ne sommes pas concernés [...] Il y a d’autres choses qui nous préoccupent. En 20 ans, pas une seule personne n’a été punie pour des actes antisémites et de profanation dans les cimetières, etc. De plus, la Shoah n’est pas reconnue comme un phénomène historique unique comme dans les autres pays. ».
Il existe un petit mémorial en l'honneur des Juifs tués à Babrouïsk durant la Shoah, situé dans le cimetière Nahalat Yitzhak,
Giv'atayim,
Israël, partie du mémorial de
Babi Yar.