Présence juive à NiasvijIl existe des traces de la présence de Juifs à Niasvij depuis le xvie siècle. En 1586, le roi de Pologne et le grand-prince de Lituanie accordèrent aux Juifs différents privilèges dont celui de faire partie des organes de gouvernements de la ville. Toutefois, à la différence des autres habitants, ils bénéficiaient d'un privilège de juridiction : celui d'être jugés par les seigneurs de la ville la famille
Radziwill et non par les juridictions ordinaires de la ville. De même pour l'administration : ils dépendaient de celle du
château de Niasvij. Comme les autres habitants de la ville, les Juifs souffrirent des guerres russo-polonaises au xviie siècle. Aux siècles suivants la communauté juive fut parmi les plus florissantes en
Lituanie et en
Pologne et peu à peu, la population s'accrut si bien qu'à la fin du xixe siècle la population juive s'élevait à 4 687 habitants, sur un total de 8 459. En 1939, à la veille de la guerre, les chiffres de population étaient fort semblables. Avant la guerre la population juive disposait de plusieurs établissements d'enseignements, d'une grande synagogue.
Création du ghettoSi, avant la guerre, le nombre de Juifs vivant à Niasvij s'élevait à environ 4 500 personnes, l'afflux des réfugiés en provenance de Pologne à partir du 1er septembre 1939, date de l'invasion allemande, modifia toutefois ces données dans des mesures difficiles à évaluer avec précision. Le
24 juin 1941, (ou le 26), l'armée allemande entra dans la ville après en avoir chassé les
Soviétiques de l'
Armée rouge (18e division blindée), et l'occupa ensuite pendant 3 ans : du 24 juin 1941 au 4 juillet 1944.
Wilhelm Kube avait été nommé gouverneur de la Biélorussie occupée et il ordonna la mise en place d'un régime de terreur à Niasvij comme ailleurs à l'encontre des habitants civils et surtout des Juifs. Obligation pour ceux-ci du port de l'
étoile de David, interdiction d'utiliser les trottoirs, obligation de se découvrir devant tout Allemand, obligation de payer des contributions, obligation de s'inscrire à une bourse de travail. Vexations et humiliations sans fin, châtiments extrêmes pour des actes insignifiants.
Nesvizh - synagogue 1958-1967 Anatoly Nalivaev
Le premier juillet 1941 fut institué un judenrat, à la tête duquel les Allemands placèrent un avocat réfugié de Varsovie du nom de Magalife. Une
police juive fut créée. Un ghetto fut installé. Les Allemands nommèrent un certain Koudjala directeur de la prison de Niasvij.
Le 27 juillet 1941, la police locale et la gendarmerie mirent le feu au ghetto et fusillèrent 700 Juifs sur place. Parmi ceux-ci, des représentants de l'intelligentsia juive de la ville : médecins, ingénieurs, etc. Certaines des personnes tuées furent enterrées dans la ville, tandis que d'autres le furent à cinq kilomètres du village de Niasvij à Alba. En même temps, les Allemands massacrèrent 3 000 prisonniers de guerre soviétiques, qui furent enterrés dans le parc de la ville. Les tueurs étaient sous les ordres du commandant Schleck, le chef de la Police était Vladimir Senko et son aide Kandibovitch. Ils étaient aidés par l'interprète de la gendarmerie Joseph Yanoukévitch. Les exécutants étaient des gendarmes allemands aidés par des policiers. Un certain Laurent Koneche se distingua par sa cruauté. Pour mettre en place le « nouvel ordre » allemand dans Niasvij les Allemands furent aidés par le gouvernement de la ville, dirigé par Ivan Kaloche. Le Conseil de district de Niasvij fut dirigé par un certain Avdyei arrivé de l'étranger avec les Allemands.
Le
30 octobre 1941, la 8e compagnie et le 727e régiment d'infanterie de la
Wehrmacht fusillèrent 4 500 prisonniers juifs du ghetto de Niasvij. Prit également une part active à l'assassinat de ces Juifs le 11e bataillon d'infanterie lituanien. La méthode utilisée était toujours semblable à celle des autres ghettos : une carrière ou des fosses, un long rang continu de victimes, l'obligation de se déshabiller et de ranger ses vêtements, puis les fusillades toutes les journées suivant un
modus operandi similaire à celui de la «
Shoah par balles ». Après la tuerie du 1941, il ne restait plus à Niasvij, qu'environ 585 prisonniers dans un petit ghetto.