Conditions de vie dans le ghettoLes conditions de vie dans le ghetto étaient horribles. Dans le territoire du ghetto, il existait des bâtiments à moitié détruits avec des caves. Les prisonniers s'installaient à ciel ouvert dans les ruines de bâtiments détruits. Ceux qui n'avaient pas assez de place se construisaient des huttes. Les habitants du ghetto allaient dormir dans des abris en bois dans les greniers ou dans les caves. Les occupants n'assuraient pas l'approvisionnement des prisonniers. Au début les Juifs échangeaient des objets personnels contre de la nourriture à travers les clôtures, et les habitants de Vitebsk, dans le but d'échanger, allaient aussi à la clôture. Les adolescents, la nuit, parvenaient à sortir du ghetto et à échanger aussi des objets contre de la nourriture.
Au début, les prisonniers ne pouvaient accéder qu'à de l'eau de rivière. À cette fin, les occupants créèrent un accès étroit à la Dvina occidentale (le fleuve traverse la ville en une boucle). Plus tard il y eut une arrivée d'eau de ville au « Club des métallos », d'où sortait un mince filet d'eau. C'est pourquoi des queues immenses se créaient pour accéder à l'eau. Les prisonniers étaient perpétuellement soumis à la contrainte. Les nazis frappaient souvent les Juifs à coup de bâtons. Ils perquisitionnaient aussi les maisons, et prenaient les valeurs qu'ils y trouvaient.
Monument du souvenir au club des métallos avec ce texte :
« en souvenir des prisonniers du ghetto de Vitebsk victimes du
génocide de 1941-1944. » Le travail des Juifs consistait en de lourds travaux physiques. Les hommes se mettaient en colonnes pour le triage de déblais ou le déblaiement de la neige dans la ville, et encore des travaux pour les troupes. À part les membres du judenrat, seuls les artisans spécialisés avaient accès aux sorties du ghetto. Quelques Juifs médecins travaillaient comme spécialistes et, à la demande de la protection de la santé, ne furent pas installés dans le ghetto. Le plus connu — I. Е. Rivach, aida par ses soins les partisans et les clandestins et fut tué, en même temps que son épouse, en 1942.
Vers le mois d'octobre 1941, la situation dans le camp devint catastrophique. Les Juifs n'avaient plus rien à échanger pour de la nourriture et ils mouraient de faim. À cette époque, peu avant le 16 septembre 1941, le journal de la collaboration locale « Nouvelles de Vitebsk », avait publié un communiqué : « Tous les citoyens ne sont pas autorisés dans le Ghetto. Et il est interdit aux Juifs de circuler en dehors du ghetto. En cas de violation les coupables seront punis. Signé : la chambre pénale criminelle de la ville de Vitebsk ».
Les conditions de vie dans le ghetto empiraient sans fin. Chaque jour, des dizaines de gens mouraient de faim, de froid et de maladie ; en premier lieu les vieux et les enfants. Parfois les corps étaient évacués hors du ghetto, mais le plus souvent, les morts étaient enterrés dans le ghetto, à côté des bâtiments du club des métallos ou dans les ruines d'un bâtiment écroulé. Dans le ghetto, selon différentes sources, chaque jour mourraient entre 30 et 70 prisonniers. En tout, durant les trois mois qui suivirent celui de juillet jusqu'à octobre, moururent environ 5 000 personnes.
Destruction du ghettoLes fusillades massives de Juifs furent pratiquées par les nazis dès les premiers jours d'occupation de Vitebsk. Dans le cimetière juif (Cimetière Staro-Oulanovitskoe) dans le raïon de Pestokavik, la tuerie dura trois jours (la date exacte et le nombre exact sont toutefois inconnus). Elle avait été précédée d'une rafle. La suite des massacres fut organisée de manière systématique.
Un autre massacre eut lieu le 20 juillet 1941. Les occupants obligèrent d'abord tous les hommes de 15 à 50 ans à se rassembler dans l'ancien jardin de la ville appelé Lénine. Ensuite, après les avoir battus, ils les rangèrent en groupe de 30 personnes et les fusillèrent (le nombre exact des victimes n'est pas connu) sous prétexte de ne pas avoir respecté l'ordre d'afficher une étoile jaune sur soi. Plus tard, le 24 juillet 1941 les occupants tuèrent à nouveau un groupe d'hommes juifs. En cachant les véritables raisons de leur décision, les nazis rassemblèrent des gens « pour nettoyer la ville de ses débris », leur donnant des pelles et des balais. Environ 300 juifs furent envoyés au mont Oulanovitchsk où ils furent fusillés prétendument pour « incendie volontaire ».
En juillet 1941 les forces de la
Wehrmacht - 345 soldats du régiment d'infanterie prirent part activement a l'assassinat de 2 000 juifs de Vitebsk sur les bords de la Dvina occidentale. Parmi ces derniers des femmes, des enfants, des vieillards.
Un complexe commémoratif sur le site de l'assassinat par les nazis d'environ
10 000 Juifs de Vitebsk prisonniers du ghetto près de l'ancien village de banlieue
de Sebiakhi, dans les douves d'Ilovský (Tulovský). Il est situé sur le côté gauche
de la route, en quittant Vitebsk par la rue Lazo (en direction du village de Tulovo).
Installé le 25 juin 2010. À la fin juillet, début août 1941 arrivèrent à Vitebsk la police de sécurité des
Einsatzgruppen et les
SD sous le commandement d'
Alfred Filbert, avec mission d'exterminer l'ensemble de la population juive. L'
Einsatzgruppen-9 commença immédiatement à organiser des rafles dans les environs de Vitebsk, ajoutant ensuite les Juifs capturés à ceux du ghetto déjà en surnombre. Le bétail appartenant aux Juifs des villages fut confisqué et entassé dans un bâtiment. Dès les dix premiers jours de leur arrivée à Vitebsk, les
Einsatzgruppen-9 avaient tués 100 personnes. Ces « actions » (c'est par cet
euphémisme que les Allemands appelaient ces organisations de massacre de masses) se produisaient pratiquement tous les jours. Le 24 juillet 1941 400 juifs furent tués pour, soi-disant, avoir provoqué des incendies volontaires dans la ville. Du 20 au 25 octobre 1941, sous prétexte de lutter contre une épidémie, 3 000 prisonniers furent exécutés.
Mémorial à l'endroit où furent assassinés 10 000 Juifs prisonniers du ghetto
venant des faubourgs de Sébiak et Ilovsk (Toulovo). Se trouve à gauche de la
route de Vitebsk près de la rue Lazo (du côté du chemin de Toulovo). En règle générale les nazis cachaient leurs véritables intentions, proposant au judenrat de mettre les gens au travail. À la fin du mois d'août 1941 les occupants organisèrent un massacre dont la cible était la partie la plus active des prisonniers du ghetto. Les nazis prirent à Vitebsk 500 à 600 juifs (des médecins, des instituteurs, des étudiants) pour les mener dans un village des faubourgs appelé Sébiak et les fusillèrent dans le fossé d'Ilovsk (Toulovsk). L'extermination systématique des Juifs de Vitebsk se prolongea le mois suivant. Ainsi le 4 septembre 1941 les
Einsatzgruppen-9 fusillèrent 146 Juifs « comme dirigeants du
NKVD et d'autres organes politiques », mais aussi « pour fraude lors de la récolte des moissons et constructions de routes et d'aérodromes ». En septembre la
Wehrmacht transféra du camp des civils 397 Juifs qui furent exécutés sans délais. Le même sort fut donné à 332 prisonniers du ghetto.
En octobre 1941 du fait de l'absence de mesures d'hygiène et d'aide médicale, les dangers d'épidémie se développèrent. La méthode de lutte des nazis contre cette menace consistait uniquement dans l'extermination des populations. Alfred Filberg, commandant des
Einsatzgruppen-9 et principal bourreau du ghetto de Vitebsk signa un arrêté d'extermination étalée de tous les juifs. L'arrêté fut justifié par le danger de développement d'épidémies. Les documents à ce sujet contiennent des données contradictoires à propos des dates de liquidation du ghetto et le nombre des victimes. Dans le rapport des
Einsatzgruppen « B » on parle de deux massacres par fusillades en octobre pour 3 000 victimes et de 4 090 victimes en décembre. Selon les documents du procès qui s'est tenu à Berlin-ouest en mai 1962, il est question de trois fusillades en octobre : une de 250 victimes sous la direction de Grayfenberg, une de 750 dirigée par Filbert, et une de 800 dirigée par Shtrouk. Toutes les victimes étant juives. Selon les documents du Ts.G.K. (commission gouvernementale extraordinaire pour l'établissement et la poursuite des crimes des fascistes allemands)
Commission extraordinaire de l'État, 17 000 personnes furent fusillées. Selon d'autres sources encore 11 000 ou 8 000 Juifs.
Les dates de fusillades citées dans ces différents documents sont le 2 au 12 octobre, le 20 au 25 octobre, le 6 au 8 novembre 1941. Il existe encore une date — le 19 décembre 1941. Selon le rapport de
Einsatzgruppen « B », c'est ce jour que furent exterminés les derniers prisonniers du camp de Vitebsk (4 090 personnes), et le
Sicherheitsdienst communiqua l'information à Berlin selon laquelle le ghetto était entièrement liquidé. Les documents du Ts.G.K. (commission gouvernementale extraordinaire pour l'établissement et la poursuite des crimes des fascistes allemands, en russe : ЧГК) parlent d'une liquidation en octobre-novembre 1941, mais citent d'autres chiffres de victimes.
Le
modus opérandi des meurtres de masse se présenta comme suit. Des milliers de prisonniers furent transportés en camions au village de Sébiak, où eut lieu l'exécution. Les victimes furent transportées par la rue Toulovsk jusqu'au ravin, situé de 100 mètres à 150 mètres de là ; on les obligea à se déshabiller ; par groupes de 5-10 personnes on les poussa vers le ravin et là on les tua. Les fusillades eurent lieu du matin jusque tard le soir. Les enfants et les vieux furent jetés vivants dans le ravin. Par la suite, par-dessus cette tombe, un camion passa pour écraser la terre jetée sur les corps. C'est l'
Einsatzgruppen-9 qui réalisa ces tueries. Le nombre de juifs morts durant l'occupation allemande à Vitebsk s'élève à : 17 000-18 000 personnes.
Parmi les lieux d'exécutions il y eut : le ravin de Ilovsky (Тoulovsky), le cimetière juif du raïon de Peskovatika, le cimetière de Staro-Oulanovisk, le mont Oulanovisk (le long de l'actuel cimetière de Mazourino), la mare noire, le ravin de Doukobsky à l'ancien aéroport dans le raïon de Loutchios, la terre près de la rivière Bitva, tout près de l'Institut Vétérinaire.
En 1943, les nazis, craignant les conséquences de leurs crimes, cachèrent l'exécution et l'inhumation des juifs. Ils brulèrent les restes des victimes avant l'arrivée des forces soviétiques qui libérèrent Vitebsk et dont l'arrivée s'annonçait après leur victoire à
Stalingrad. Quant à la population qui travailla pour effacer les traces des crimes et des inhumations, après l'accomplissement de son travail, elle fut « liquidée ».