Chronologie du massacreLa
rafle des Juifs commence entre le
13 et le 14 septembre à
Baveno, pour se poursuivre les jours suivants. Ils arrêtent toute la famille de Mario Luzzatto, ancien directeur du siège
londonien de
Pirelli, et habitant villa del Castagneto, ainsi que celle d'Emil Serman, un riche commerçant d'origine
autrichienne habitant la villa Fedora. Sont aussi arrêtés, un
rabbin âgé d'origine
lettone avec sa femme, ainsi que deux autres femmes. Au total 14 personnes, qui sont dans un premier temps amenées à l'Hôtel Ripa, avant d'être assassinées sur le rivage puis jetées dans le lac. Les deux villas sont pillées et servent de lieu pour l'organisation de fêtes et banquets. Après les assassinats, les SS décident d'organiser une mise en scène. Le maire de Bavero, Columella, entouré d'officiers SS, lit à la population deux fausses lettres, sans adresse, annonçant que les disparus étaient en sécurité et qu'ils faisaient don d'une partie de leur argent aux pauvres du pays.
Le
15 septembre, les SS poursuivent leur rafle dans d'autres localités. À
Arona, ils arrêtent le comte Vittorio Cantoni Mamiani Della Rovere avec sa vieille mère, et ensuite dans son magasin, la femme du
photographe Penco, à l'hôtel, des membres de la famille Modiano en provenance de Salonique et dans une villa louée la mère et le fils Rakosi d'origine
hongroise. En tout 9 victimes qui disparaissent sans laisser de trace. La nombreuse famille de l'industriel milanais Federico Jarach, qui résidait dans une villa en dehors d'Arona, réussit à échapper aux Allemands en traversant le lac en bateau, avertie juste à temps par téléphone.
L'Hotel Meina après la guerre À
Meina, seize Juifs logeant à l'hôtel Meina, sont détenus pendant plusieurs jours dans une chambre, avant d'être tués lors pendant les nuits du
22 au 23 septembre et du
23 au 24. Leurs corps lestés de pierre sont jetés dans le lac à quelques centaines de mètres du rivage. Certains corps refont surface quelques jours après et sont reconnus par la population locale. Le propriétaire de l'hôtel et sa famille, juifs, mais de nationalité
turque, sont sauvés par l'intervention directe du consul de Turquie, alors pays neutre. Ce massacre a été décrit après-guerre par Becky Behar, la fille du propriétaire de l'hôtel, âgée de treize ans au moment des faits, dans une chronique Il diario di Becky Behar. Devenue écrivaine, elle a fait de nombreuses conférences et réunions publiques pour sensibiliser le public.
À
Orta, l'oncle et le cousin de
Primo Levi, Mario et Roberto, sont arrêtés à leur domicile où ils résidaient depuis plusieurs mois avec leurs épouses. Comme en témoigne dans son journal la femme de Roberto, Elena Bachi, elle cherche vainement à avoir des nouvelles des disparus auprès du commandement SS du lac, mais réalisent rapidement qu'elle est aussi en danger et va réussir à se cacher. Elle ne saura jamais ce qui est arrivé à son époux et à son beau-père.
À
Mergozzo, toujours dans la matinée du
15 septembre, les SS prennent d'assaut la maison de Mario Covo Abraham et s'y installent toute la journée, sans doute dans l'attente du retour de la fille Lica et de son mari, le [color:c792=#fc4430
graphiste Albe Steiner. Le soir, ils embarquent Covo et deux de ses neveux qui résidaient là temporairement. Maddalena Stramba, la femme de Covo, va pendant des années, sans succès, essayer de connaitre la vérité. Ce n'est qu'après sa mort, que des témoignages locaux vont émerger sur leur meurtre dans un champ pas très loin du village. En
2003, un monument avec une plaque à leur mémoire est érigée sur le site.
Le
16 septembre est le jour du raid à
Stresa. Ils arrêtent et transfèrent à la villa Ducale, siège du commandement SS local, l'ancien avocat de Vérone, Tullio Massarani et sa sœur, puis le marchand Giuseppe Ottolenghi avec sa fille qui s'étaient enfuis de
Gênes et séjournaient dans un appartement dans le centre de la ville. On n'aura plus aucune nouvelle de ces quatre personnes arrêtées. D'autres Juifs, présents dans les hôtels de la ville, ainsi que la famille de Salvatore Segre, propriétaire d'une villa au bord du lac, prévenus du danger réussissent à échapper à l'arrestation.
À
Pian Nava, hameau situé sur les hauteurs de Intra, près de
Premeno, s'étaient réfugiés dans une auberge locale, en provenance de Salonique, Humbert Scialom, âgé de cinquante-cinq ans, et sa femme. À la suite d'une possible dénonciation d'un cuisinier, employé temporairement à l'auberge, le matin du
17 septembre, un camion de SS vient les arrêter et les embarquent avec leurs bagages. On ignore leur destinée.
Le
19 septembre, à
Novare, le commandant Rudolf Flot procède à l'arrestation de Giacomo Diena, ancien officier et invalide de la
Grande Guerre qui, bien que prévenu du danger, se croyait à l'abri en raison de son passé militaire. Il arrête en même temps son vieil oncle et une femme de 31 ans, Sara Berta Kaatz.Furono, réfugiée de
Turin. On ne dispose d'aucune information sur leur sort.
Quelques jours plus tard, Flot lui-même se fait remettre les clefs des [color:c792=#dfafec
coffres-forts de la
Banco Popolare de Novare appartenant à des Juifs, et s'empare de leur contenu.
Le dernier épisode se déroule une vingtaine de jours plus tard, le
8 octobre à Intra. Le jeune Riccardo Ovazza est arrêté à
Ossola, en essayant de prendre des contacts pour fuir vers la
Suisse au
Tessin. Il est conduit à la direction de la SS locale, installée dans une école élémentaire de jeunes filles. Après avoir été interrogé et torturé pour savoir où se cache sa famille, il est tué le soir même. Son corps est ensuite brulé dans la chaudière de l'école. Le lendemain, son père, le banquier important, Ettore Ovazza, est arrêté avec le reste de la famille dans un hôtel de
Gressoney, et transféré à Intra. Malgré son passé
fasciste de la première heure et sa propagande pour le
Duce au sein de la communauté juive, il est assassiné avec sa femme et sa fille dans le sous-sol de l'école. Leurs corps déchiquetés sont ensuite brulés dans la chaudière de l'école.