DéroulementLors de l'invasion de l'
Union soviétique en
juin 1941, les troupes allemandes envahissent l'est de la Pologne. Dans ces territoires, les nazis diffusent de la
propagande antijuive accusant les Juifs polonais d'avoir participé aux crimes commis par les Soviétiques en Pologne. Il est vrai qu'une minorité active et visible, issue essentiellement du prolétariat juif, a dans un premier temps accueilli l'Armée rouge, en septembre 1939, avec des manifestations d'enthousiasme. Des Juifs polonais (mais aussi des membres des minorités biélorusse et ukrainienne) ont remplacé en nombre, dans les premiers mois de l'occupation soviétique (1939-1941), les responsables polonais dans l'administration et les organes de force. Des milices se sont spontanément mises en place, composées de jeunes Juifs, aidant à l'occasion le NKVD dans les arrestations de Polonais (fonctionnaires, intelligentsia, propriétaires terriens). Des cas de collaboration et de délation à l'encontre de Polonais ont été recensés. Dans un registre plus modéré mais de manière plus courante, la moquerie ou la dégradation des symboles nationaux polonais ont été particulièrement mal vécus par une population polonaise terrorisée ou, tout du moins, profondément désorientée par la révolution politique, économique et sociale imposée par l'occupant soviétique.
Monument à Jedwabne
Après l'invasion de juin 1941, les nazis déploient en Pologne orientale un des
Einsatzgruppen créés par
Heinrich Himmler et
Reinhard Heydrich pour
traquer et éliminer les opposants et les Juifs. Celui-ci assassine notamment plusieurs dizaines de Juifs dans la petite ville de
Wizna, près de Jedwabne, au nord-est de la Pologne.
Un certain nombre de personnes ayant soutenu l'
Union des républiques socialistes soviétiques avant le début de l'
Opération Barbarossa sont assassinées par des habitants de la région de Jedwabne dans les premiers jours de l’invasion allemande. Trois jours avant les évènements de Jedwabne, un
pogrom se déroule à Radziłów, village voisin de 18 kilomètres : le 7 juillet 1941, les habitants du village, encouragés par les escadrons SS, rassemblent les Juifs du
shtetl dans une grange, y mettent le feu (environ 500 Juifs périssent dans le brasier de
Radziłów) et massacrent les fuyards par dizaines.
Dans la matinée du 10 juillet 1941, des habitants de Jedwabne et des alentours raflent les Juifs de la ville ainsi que ceux qui y ont trouvé refuge en provenance de localités voisines comme Wizna et
Kolno, soit entre 800 et 900 personnes.
Les Juifs sont rassemblés sur une place au centre de la ville où ils sont agressés et battus. Un groupe de quarante à cinquante Juifs sont forcés de détruire une statue de
Lénine avant d’en porter les morceaux à travers la ville en chantant des chants soviétiques. Le rabbin est obligé de conduire ce défilé jusqu’à une grange dans laquelle le groupe est brûlé vif. Les victimes sont ensuite enterrées dans une fosse commune, avec les fragments de la statue. Les habitants accaparent les biens juifs.
Cette terrifiante bouffée de haine semble avoir été partiellement motivée, sans compter l'opportunité de récupérer leurs maisons, par la collaboration, avec les autorités soviétiques, et parfois le NKVD, de certains juifs qui avaient accueilli plus tôt (17 septembre 1939) avec enthousiasme l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge.
Un groupe de sept juifs est caché durant toute la guerre, au péril de leur vie, par Aleksander Wyrzykowski et sa femme Antonina.